Le déficit très important des clubs professionnels français de football (cf. le dernier rapport de la Direction Nationale de Contrôle de Gestion - DNCG) a mis en lumière la nécessité de trouver de nouveaux modes de financements, afin de permettre au sport professionnel français de rivaliser financièrement avec les autres pays, qui ont pour certains entamé cette révolution il y a plusieurs années.
Dans une interview réalisée le 10 mars 2010 pour le site financier Bloomberg.com, Simon Chadwick, professeur de stratégies à l’Université de Coventry en Angleterre, avait d’ailleurs souligné que si le Real Madrid venait à se faire éliminer en huitième de final de la Ligue des Champions, cela provoquerait un manque à gagner de 60 millions d’euros pour le club, entre les primes, les droits TV, la billetterie et le sponsoring (1).
A l’aléa sportif s’est en outre ajoutée la contraction du pouvoir d’achat née de la crise économique mondiale. Celle-ci a en effet provoqué une baisse importante des recettes de billetterie et de merchandising.
Elle a également poussé les entreprises spécialisées dans le domaine sportif - telles que les équipementiers - à recentrer leurs financements sur les clubs les plus rentables.
Dans une interview accordée à NZConsulting le 25 mars 2010, M. Jocelyn Robiot, Senior Vice President Global Sports Marketing chez Adidas, a précisé qu’ « alors que de plus en plus de « petits clubs » sont intéressés par le potentiel de distribution offert par les équipementiers phares de l’industrie, la marque va vers un recentrage stratégique sur ses principaux clubs tout en essayant d’être plus efficace sur l’activation de ses partenariats ».
Limiter l’impact des résultats sportifs sur l’économie des clubs professionnels, tel paraît être à présent l’objectif central des clubs sportifs en matière de financement. L’une des solutions choisies par certains clubs a été de s’introduire sur un marché boursier. Historiquement, l’accès des clubs sportifs aux marchés boursiers leur était interdit depuis la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 relative à l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives. Cette interdiction avait eu pour conséquence de creuser un fossé entre le championnat français et les autres championnats nationaux européens.
Par la suite, le FC Istres Ouest Provence, évoluant à l’époque dans le championnat de National, est devenu le second club professionnel français à être coté en bourse (marché libre). Cette introduction sur le marché libre, contrairement à une introduction sur un marché réglementé, est moins contraignante et, dès lors, plus accessible. En effet, sur ce marché, les valeurs négociées ne font pas l’objet d’une procédure d’admission et les émetteurs ne sont pas soumis à des obligations de diffusion et de transparence d’information. Le marché libre offre donc des perspectives intéressantes aux clubs sportifs de taille moyenne.
Les motivations d’un tel type de financement sont relativement diverses. Une entrée en bourse permet aux supporteurs de participer financièrement à la vie du club. Le club peut également se désendetter, étoffer son effectif plus rapidement, afin d’essayer d’accroître sa notoriété, financer un projet immobilier (construction d’un nouveau stade, mise aux normes…).
En outre, l’entrée en bourse permet également aux clubs de diversifier leur patrimoine et leurs sources de revenus. La loi n° 2006-1770 du 30 décembre 2006 pour le développement de la participation et de l’actionnariat salarié et portant diverses dispositions d’ordre économique et social du 30 décembre 2006, qui a modifié l’article L. 122-8 du Code du sport, a en effet posé l’obligation pour les clubs sportifs souhaitant être cotés en bourse d’insérer dans le document de base à fournir à l’AMF « un projet de développement (…) et d’acquisition d’actifs destinés à renforcer leur stabilité et leur pérennité ». Cette disposition a pour objet de mettre en place un mécanisme de protection indirect des épargnants en obligeant les clubs à investir à terme dans des actifs immobiliers (classiquement un stade).
Dans ce cadre, l’Olympique Lyonnais a présenté le projet Grand Stade, d’une capacité de 60 000 places dans la banlieue lyonnaise, qui s’insère dans un projet économique plus important. En effet, outre la réalisation de ce stade noté 5 étoiles selon les normes UEFA et répondant aux dernières normes environnementales, le projet Grand Stade prévoit la construction de deux hôtels, d’un centre de loisirs et d’immeubles de bureaux.
M. Jean-Michel Aulas souhaite ainsi mettre en place un modèle économique inédit en France, moins dépendant des droits télévisés et davantage lié à d’autres recettes, qui ferait du stade un « véritable lieu de vie » et une source de recettes supplémentaires.